Jean Guerin

Éducation et Enfance

Jean Guerin a souvent gardé pour lui les détails de son enfance. Cependant, il partageait parfois des souvenirs de farces qu'il jouait au concierge de son immeuble. Doté d'une constitution athlétique, Jean était un habitué du stade nautique où il s'entraînait et participait à des compétitions. Il excellait particulièrement en dos crawlé. Parallèlement à la natation, le rugby faisait également partie de ses passions sportives.

Après avoir passé quelques années à Paris, Jean a déménagé en Algérie, à Boufarik, avec sa famille. Son père, cherchant de nouvelles opportunités, avait pris la tête d'une entreprise spécialisée dans la fabrication de cageots pour le transport d'agrumes. C'est à Boufarik que Jean a commencé sa scolarité. Cependant, avec la mobilisation de son père en 1939, la famille Guerin est retournée en France. Jean a alors poursuivi ses études au Lycée Charlemagne à Paris. Il était reconnu comme un élève sérieux et appliqué, toujours déterminé à donner le meilleur de lui-même dans ses études.

Carrière Professionnelle

À l'âge de 15 ans, Jean Guerin a été appelé par son père pour le seconder dans la scierie qu'il venait de créer aux Yveteaux, dans l'Orne. Ce premier contact avec le monde professionnel a jeté les bases de son futur parcours. Après avoir acquis une expérience précieuse dans la scierie, Jean a évolué pour devenir commercial dans le même domaine. Cependant, son intérêt pour le monde des antiquités l'a finalement conduit à embrasser la profession d'antiquaire, tout comme son épouse.

Mais ce n'est pas seulement son parcours professionnel qui mérite d'être souligné. En 1942, en plein cœur de l'occupation nazie, Jean a fait preuve d'un courage remarquable. Profitant d'un ausweis, il a risqué sa vie pour ravitailler des réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO). Ces jeunes hommes, refusant de travailler en Allemagne, se cachaient dans des cabanes de bûcherons, nichées au fond des bois de l'Orne. Jean ne vantait jamais cet acte héroïque, estimant simplement qu'il avait fait son devoir.

Famille

Jean Guerin a toujours accordé une grande importance à sa famille. Il était particulièrement proche de sa grand-mère Berthe Guérin, qu'il accueillait chez lui pendant les mois d'hiver. Malgré une relation compliquée avec ses parents, qui semblaient préférer leurs autres enfants, Jean a choisi de fonder sa propre famille. C'est lors d'une soirée dansante à Bagnoles de l'Orne qu'il a rencontré sa future épouse, Hélène Wallner. Quelques mois plus tard, le 16 février 1953, ils se sont mariés. Leur union a été couronnée par la naissance de trois fils : Bruno, Marc-Antoine et Jean-Georges. Jean a également eu le bonheur d'être grand-père de six petits-enfants.

En ce qui concerne ses frères et sœurs, Jean a eu une relation contrastée. Son frère Luc, le fils préféré, était commercial dans la publicité et vivait dans le sud de la France. Sa sœur Elisabeth, unique fille de la famille, avait un statut spécial. Après de longues études, elle est devenue pharmacienne. Leur père, devenu veuf, est allé vivre avec elle. Jean n'a jamais été particulièrement complice avec Luc et Elisabeth.

Malgré ces relations familiales parfois compliquées, Jean tenait à une tradition familiale : le repas dominical. Ces moments étaient synonymes d'échanges, d'éclats de rire et de rappels des valeurs familiales chères à Jean : le sens du partage, le goût du travail et le respect de l'autre.

Hobbies, Passions et Voyages

Une des passions marquantes de Jean Guerin était la lecture. Il avait l'habitude quotidienne de parcourir deux quotidiens aux opinions opposées. Cette pratique lui permettait de se forger sa propre analyse des événements actuels. De plus, il se plongeait régulièrement dans des hebdomadaires et de nombreux livres. Passionné par l'actualité et la politique, il admirait profondément le Général de Gaulle et saisissait chaque occasion pour en faire référence.

En plus de sa soif de connaissances, Jean avait une passion profonde pour le sport. Ancien athlète, il suivait avec ferveur les grandes compétitions sportives, en particulier les matchs de rugby. Il aimait partager ses impressions et commentaires avec ses enfants et petits-enfants après chaque match ou compétition.

Concernant les voyages, Jean a très peu voyagé, mais cela ne semblait pas le déranger. Les mois d'été étaient consacrés à sa profession d'antiquaire. Il parcourait la France pour participer à divers salons et foires d'antiquités, une activité qu'il appréciait grandement.

Personnalité et Croyances

Jean Guerin était un homme droit et honnête. Sa carrure imposante lui conférait une autorité naturelle, lui permettant d'obtenir ce qu'il souhaitait avec peu de mots. Son amour pour les autres, combiné à son sens inné du commerce, était évident pour tous ceux qui l'ont côtoyé. Il prenait toujours soin de consulter son épouse avant de prendre une décision importante, soulignant la confiance et le respect qu'il avait pour elle.

Sur le plan spirituel, Jean était un homme de foi profonde, bien que discrète. Il appréciait particulièrement la petite messe du matin, un office simple et peu chanté. Au fil des ans, sa foi est devenue une partie intégrante de sa routine quotidienne, et il priait régulièrement, notamment chaque soir avant de s'endormir. Après son décès, une prière écrite de sa main a été retrouvée et donnée à ses enfants, un témoignage poignant de sa spiritualité intime.

Amis et Relations

La vie de Jean Guerin a été marquée par des hauts et des bas. L'un des moments les plus tragiques a été la perte de son fils Bruno en 1989. Bruno, un homme brillant, marié, père de deux filles et chef d'entreprise, s'est tragiquement ôté la vie. Cette perte a créé un vide immense dans le cœur de Jean, divisant sa vie en un "avant" et un "après". Il a porté cette douleur en silence, ne partageant jamais pleinement l'étendue de son chagrin.

En ce qui concerne ses relations amicales, Jean avait une bande de copains lorsqu'il était jeune. Plus tard, avec son épouse, ils ont formé un groupe d'amis avec lesquels ils jouaient au bridge. Le magasin d'antiquités lui a également permis de tisser de nombreuses relations, bien que principalement commerciales. Dans ce milieu, il était respecté et connu pour sa discrétion, préférant discuter d'antiquités ou de politique plutôt que de sujets personnels ou douloureux.

Il y a tout de même une amitié qui a marqué la vie de Jean. En raison de la proximité de son épouse avec sa sœur aînée, Pierrette, Jean s'est lié d'amitié avec son beau-frère, André Leloup. Les deux couples, partageant la passion des antiquités, se retrouvaient régulièrement et entretenaient une relation chaleureuse et sincère.

Conclusion

Jean Guerin, un homme d'une grande droiture, a toujours été entouré d'amis, qu'il s'agisse de sa bande de copains de jeunesse ou de son groupe d'amis avec qui il jouait au bridge. Bien qu'il ait eu de nombreuses relations commerciales en raison de son magasin d'antiquités, il était connu et respecté dans son domaine. Malgré sa tendance à garder ses émotions et ses douleurs pour lui-même, il était considéré comme une figure respectée et aimée.

Sa relation avec André Leloup, le mari de la sœur aînée de son épouse, était spéciale. Leur amitié, basée sur une passion partagée pour les antiquités, était sincère et profonde. Ils se retrouvaient souvent et partageaient des moments de qualité.

En se remémorant la vie de Jean, nous nous souvenons d'un homme bon, empli de valeurs morales, qui a su toucher le cœur de ceux qui l'entouraient. Ses derniers mots, confiés à son petit-fils aîné Vladimir, résonnent comme un message pour nous tous : "Je te souhaite de bien réussir ta vie". Pour Jean, la réussite n'était pas tant matérielle qu'une réalisation personnelle et un partage avec les autres.

Il repose désormais en paix au cimetière d'Exmes, laissant derrière lui un héritage de souvenirs, d'amour et de sagesse.